La joie, caresse du présent
- aureliepaquignon
- 7 juil.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 août

La joie est une émotion rare et précieuse. Et pourtant, j’ai parfois l’impression qu’elle se fait de plus en plus discrète.
Dans une société qui valorise le plaisir immédiat, souvent lié à la satisfaction rapide de besoins ou d’envies – bien souvent matériels – la joie, plus subtile, semble avoir perdu du terrain. Elle ne se consomme pas, elle ne se commande pas. Elle se reçoit.
Pourquoi plus subtile ? Parce que la joie naît, selon moi, de la pleine présence à ce qui est. Elle surgit quand on est pleinement relié à ses sens et à son corps : le simple fait de contempler un paysage, de sentir l’odeur de la forêt, de marcher pieds nus sur la mousse… Ces instants si simples et pourtant si riches.
La joie est aussi reliance au cœur, elle peut naître d’un moment partagé ou, au contraire, d’un instant de solitude paisible.
Elle se glisse dans les interstices, là où la petite voix intérieure se tait, où le téléphone est rangé, et où l’esprit cesse de courir après hier ou demain. Elle s'invite dans l’instant où le mental lâche prise, et où le corps, lui, est pleinement disponible.
Il y a aussi cette autre dimension de la joie, plus profonde encore : celle qui surgit quand on dit oui à la vie telle qu’elle est.
Plutôt que de maugréer contre la pluie, on s’émerveille d’un rayon de lumière entre les nuages.Plutôt que de penser à ceux qui ne sont pas là, on s’ouvre pleinement à la présence de ceux qui nous entourent.
Dans La puissance de la joie, ouvrage que je vous recommande, Frédéric Lenoir s’inspire des réflexions de Spinoza : la joie serait ce consentement à la vie, une adhésion pleine à ce qui est, un grand oui à ce qui se présente. Et Françoise Loranger complète cette vision en y ajoutant le regard que l’on porte sur soi : « Il n’y a pas de joie sans consentement. Accepte-toi. »
Ces mots résonnent en moi :
combien de fois ai-je refusé une baignade par désamour de mon corps ?
Combien de fois ai-je tu ma voix, de peur qu’elle ne soit pas à la hauteur ?
Combien de fois ai-je freiné un élan de spontanéité de peur du jugement ?
Et si nous nous désencombrions un peu ?
De nos regrets, de nos complexes, de nos listes de choses à faire. De nos angoisses et de nos regrets.
Faisons de la place, laissons la joie revenir. Laissons-la nous surprendre sous la forme d’un éclat de rire, de beauté, d’un geste d’amour inattendu, le sourire d’un.e inconnu.e.
La joie, c’est peut-être ça, au fond : la caresse que nous fait le présent, quand on est prêt à l’accueillir.




Commentaires